En arpenteur méticuleux, recueillant des données topographiques à la manière de ceux qui sondent les sols, Joseph Elmer Yoakum opère sur du papier ordinaire, au stylo à bille, au crayon de couleur, au pastel ou à l'aquarelle, des relevés illustrés comme l’on plonge dans une histoire personnelle, collective et au-delà. Mi-planches anatomiques, mi-structures géologiques, les paysages vernaculaires présentés pour la première fois en France forment un carnet de rêveries intimes, ouvert sur un horizon commun. Fragments de vue de paysages traversés, réels ou rêvés, les tableaux archéogéographiques racontent autant ses chatoyants voyages que le mouvement perpétuel de ses débordements intérieurs. Portés par le souvenir, faits de passages, d’ondulations, de plis ou de limites, ils sont les reflets d’une vision poétique et animiste du monde naturel, où les montagnes ourlées ressemblent à des cerveaux, les fleuves doux à des flux sanguins et les ciels à des mers tranquilles ; où les perspectives sont radicalement aplaties et les motifs aux couleurs vives densément modelés.